La jalousie… des doutes à la certitude
L'ombre du rival
12/10/20235 min read
La jalousie... des doutes à la certitude
La jalousie est un sentiment issu de la partie la plus archaïque de notre cerveau. Nous l’avons héritée de nos ancêtres, puis nous l’avons civilisée. Selon les évolutionnistes, elle est apparue il y a très longtemps – je ne vous donnerais pas de chiffre, c’est indécent –, quand le mâle préhistorique considérait le corps de sa femme comme sa "propriété", pour se protéger du risque d'avoir à élever des enfants illégitimes : il entendait nourrir et défendre sa progéniture de façon exclusive. La femelle l’a supporté parce qu’elle garantissait sécurité et nourriture pour elle et sa progéniture. La jalousie a donc été d'abord "nécessaire" à la survie, puis, au fil du temps, elle est devenue une composante gênante de nos rapports amoureux.
Quand je dis que nous l’avons civilisée, j’entends que nous l’avons façonnée à l’image de notre société, car la jalousie semble exister dans toutes les sociétés où les liens sexuels vont de pairs avec un investissement émotionnel. Les réactions à celle-ci seraient également influencées par la conception et la place de la sexualité au sein d'une culture donnée, les étudiants américains se déclarant par exemple plus touchés que les chinois face à l'infidélité. De plus, on a longtemps dit que les hommes étaient plus sensibles à la trahison sexuelle, et les femmes à la trahison émotionnelle ; mais des études récentes tendent à montrer que les deux sexes se préoccupent désormais autant de l’un que de l’autre.
Abandon et sérotonine
La jalousie serait due à une altération du système sérotoninergique. On constate, en effet, chez les jaloux une réduction du nombre des transmetteurs de la sérotonine, c’est-à-dire une diminution des protéines qui transportent le neurotransmetteur de l'espace synaptique au bouton présynaptique. Raison pour laquelle les antidépresseurs de type inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, tels le Prozac, ont une relative efficacité. Relative, car si les symptômes aigus disparaissent, et que le seuil de jalousie s'abaisse, laissant les patients beaucoup plus tranquilles à l'égard de leur partenaire, certaines personnes ne se sentent plus « vivantes ». Car il est très difficile de modifier la pathologie par des médicaments sans porter atteinte à la passion.
Au-delà d’une origine biologique, il existe quatre degrés de jalousie allant crescendo de la normalité jusqu’au délire :
jalousie qui attise le désir de garder pour soi les personnes aimées.
jalousie qui implique le contrôle continu de la vie des autres.
jalousie obsessionnelle provoquée par la projection de sa propre infidélité ou de son manque d’assurance sur l’autre.
jalousie délirante, irrationnelle, née de l’imagination.
En outre, la genèse de la jalousie s'enracine bien souvent dans d'anciennes peurs d'abandon éprouvées dans l'enfance, lorsqu'un des parents est trop absent ou qu'apparaît un petit frère ou une petite sœur. La peur d'être abandonné est sans doute le fantasme le plus courant chez les adultes jaloux.
Le grand rival
Lorsque Freud a avancé, dans le fameux cas du président Schreiber, que la jalousie pathologique s’appuie sur une pulsion homosexuelle, il est resté incompris par le monde profane. Mais s’il est une chose de sûre, c’est que la jalousie naît quand apparaît un autre, un semblable supposé meilleur, un rival. C’est là que se situe le caractère homosexuel, homme et femme fantasment ce rival du même sexe comme un alter ego à craindre et à envier en même temps.
Généralement, les hommes ne se remettent pas en question dans une telle situation. Ils sont jaloux de l’assurance et de la détermination de leur adversaire et chercheront à discréditer ses compétences sociales ou professionnelles, ou tout simplement à nier cette concurrence fâcheuse. Les femmes, au contraire, ont peur de celles qu'elles sentent "différentes", surtout plus jeunes ou plus belles, et tendront à souligner les défauts physiques, à déprécier l’allure de la rivale.
Le psychologue David Buss a analysé les réactions physiologiques d'hommes et de femmes pendant qu'ils regardaient une vidéo comportant des scènes de trahisons sexuelles et de trahisons affectives. Les mâles étaient en générale tendus devant les scènes érotiques, alors que les femmes étaient plus affectées par le spectacle de la trahison émotionnelle. Si autant les hommes que les femmes étaient plus touchés par la trahison sexuelle que par l’affective, les femmes semblaient, en pareil cas, moins préoccupées quant à leur propre avenir et celui de leur relation, alors que les hommes étaient profondément blessés dans leur estime de soi, mortifiés par la comparaison avec un rival.
Freud soutient que la jalousie est un état affectif qui peut être considéré comme normal : c’est quand elle semble absente du caractère ou du comportement d'une personne qu’on peut en déduire qu'elle a subi un important refoulement et, de ce fait, qu'elle joue un rôle d'autant plus fort dans sa vie psychique inconsciente. Toujours selon Freud, il est plus mature d’éprouver de la colère envers un "traître" qu’à l’encontre d’un rival, parce que cette dernière renvoie à la situation du petit garçon encore pris dans les mailles du complexe d'Œdipe qui, craignant son père, se dresse contre sa mère. Cela transparait particulièrement dans les cas où l'insécurité masculine n'est pas immédiatement repérable, et pourtant est une force puissante qui alimente le feu de la jalousie. C’est parce qu’il arrive que l’homme devienne jaloux pour d'anciennes raisons qui ont sapé son assurance actuelle.
Jaloux ou envieux
Les personnalités enclines à la jalousie sont évidemment très variées, mais parmi les hommes à risques, on trouve en premier lieu les narcissiques, qui sont toujours guidés – y compris sur le plan sexuel – par leurs propres besoins et leurs propres désirs. Les narcissiques se repèrent souvent dans le 2ème degré du crescendo de la jalousie car ils veulent que toute l'attention soit concentrer sur eux. Bien qu’aucun homme ne souhaite être cocu, ce que les narcissiques supportent encore moins que le reste, c'est que cela se sache !
Selon l’essayiste Nancy Friday, une confusion entre jalousie et envie existe depuis l'Antiquité, depuis l'histoire de Caïn et Abel, d'Esaü et Jacob, ou encore la parabole du fils prodigue et de ses frères. Les mots hébreux utilisés dans l'Ancien Testament, Qana et Qinah, peuvent en effet signifier, selon le contexte, jalousie, envie ou ardeur. Selon le Larousse, la jalousie se définie comme un « sentiment fondé sur le désir de posséder la personne aimée et sur la crainte de la perdre au profit d'un rival » et l’envie plutôt comme une « convoitise, mêlée ou non de dépit ou de haine, à la vue du bonheur ou des avantages de quelqu'un ; jalousie ». Il est donc difficile de distinguer le bon grain de l’ivraie là-dedans.
La principale distinction est que le jaloux craint de perdre ce qu'il possède, alors que l'envieux est tourmenté de voir qu'un autre possède ce qu'il n'a pas. Cette différence fondamentale tient au fait que, dans la jalousie, il y a trois personnes – l’homme, la femme, le rival –, alors que dans la seconde, il n’y en a que deux. Le jaloux craint d’être priver de quelque chose par un rival, tandis que l'envieux veut avoir ce qu'un autre possède et que des pulsions l'incitent à prendre ou, à défaut, à endommager. Mais tant l’une que l’autre sont liées au manque d'estime de soi. Ainsi le jaloux assaille son/sa partenaire car il en s’en prendrait pas au rival – imaginaire ou non – qu’il craint, alors que l'envieux agresse son adversaire car il ne craint aucun rival dans son obsession.
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